Fifou, passeur d'histoires et d'images
Son nom est aussi incontournable que son talent : Fifou, 20 ans de carrière dans la photo, a immortalisé de son œil vif l’histoire du rap français.
Son dernier projet : En Pire, une maison d’édition dédiée à la jeunesse.
Par Mona Sarr (journaliste)
Publié le 17 janvier 2025
De Lunatic à Mac Tyer jusqu’à PNL, le photographe n’a jamais cessé d’accompagner les plus grands avec une minutie et une exigence qui l’ont très vite propulsé au sommet.

Fifou
Photographe
En 2022, il publie Fifou, Archives, rétrospective de sa carrière dans laquelle il réunit plus de 20 ans de travail. L’idée d’accompagner des jeunes talents germe alors en lui, jusqu’à créer En Pire, une maison d’édition dédiée à la jeunesse “qui n’a pas la chance d’être publiée dans des livres".
Ami de longue date de Guillaume Silvestri, ils ont longtemps réfléchi à comment travailler ensemble en faisant quelque chose de nouveau, autour de leur amour partagé pour la culture urbaine et les beaux livres. Ils créent En Pire, avec l’ambition de casser les codes, mais avec l’humilité de ceux qui considèrent que le livre est un objet sacré.

Le nom de la maison d'édition n’a pas été choisi au hasard. Fifou a toujours fait partie des "pires". Les "pires" choix. Les "pires" fréquentations. Le "pire" milieu, puisque le rap était jusqu’à récemment décrié en sous-culture par toutes les têtes influentes du pays.
En Pire, ça rejoint cette phrase “Aucune cité n’a de barreaux” de Booba : désenclaver, faire voir le beau dans le compliqué, esthétiser sans altérer la réalité.
L’enjeu pour Fifou, c’est avant tout celui de la représentation : aborder les thématiques de l’urbain, des quartiers et des talents musicaux, sans concession. C’est aussi celui de l’artisanat : la culture du bel objet et du livre qu’on collectionne.

Son idée, ce n’est pas tant la mise en avant de son travail qu’un travail de passation. Pour lui, En Pire, c’est vraiment les autres. De beaux livres qui offrent une récréation et une visibilité aux artistes émergents : Fifou se met au second plan pour laisser de nouveaux artistes briller.