Low Wood, réinventer le développement artistique

L’industrie musicale telle que nous la connaissons est en constante évolution. Elle comporte des modèles de gestion parfois inadaptés à la diversité des artistes ainsi qu’à leurs besoins singuliers. C’est dans ce contexte que Guillaume Silvestri décide de créer en 2018 le label indépendant Low Wood, une structure centrée sur le développement artistique artisanal.

Par Inès Ouzerout
Publié le 17 janvier 2025

Fondé juridiquement en 2009, Low Wood avait initialement pour mission d’accompagner les artistes jusqu’à leur signature chez une maison de disques traditionnelle. Guillaume Silvestri, le fondateur, ne pensait pas à l’époque créer un label.

Issu de la culture de la production musicale via son duo de composition Medeline puis de l’édition, son objectif était de découvrir des artistes, de les aider à développer leur répertoire, puis de les présenter à des maisons de disques mieux équipées pour suivre leur évolution.

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Néanmoins, la réalité du marché musical contemporain rendait difficile le développement artistique approfondi, élément pourtant crucial pour assurer la solidité d’un artiste.

Le fondateur explique : “Low Wood en tant que label s’est structuré quand j’ai compris qu’il était impossible de faire du développement avec les structures qui existaient déjà. Low Wood est le fruit de la résilience et de la mutation de l’industrie musicale. J’étais rendu à effectuer un travail qui n’avait plus de sens. Je découvrais des artistes singuliers et les accompagnait à signer en maison de disque. Évidemment, ils devenaient une priorité le jour de la signature. Nous célébrions tous cet événement mais finalement, les artistes se retrouvaient dans l’obligation de trouver immédiatement leur public et avaient un temps de développement accordé qui était très réduit.”

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Guillaume décide alors de se détacher de ce modèle et de changer la structure originale de Low Wood. Créer un label indépendant n’est pas simplement une question de production de musique, mais plutôt une vision singulière de l’industrie musicale et du développement des artistes ayant pour but de réaliser un travail artisanal auprès de l’artiste, comme faire grandir son répertoire ou travailler son identité visuelle.

C’est donc courant 2018 que Low Wood se transforme en un label à part entière afin d’apposer sa propre vision concernant le développement artistique : “Low Wood devient un label lorsque je prends mon destin en main et que je décide de produire les disques. Les artistes au démarrage de cette nouvelle séquence de Low Wood ont des identités et des propositions fortes, comme Madame Monsieur, Michel, Jok’air et Hatik.” Le fondateur, fort d’une culture musicale développée, acquise notamment avec son duo « Medeline », se distingue par sa curiosité et son aptitude à être pertinent sur plusieurs genres musicaux. Cette polyvalence se reflète dans la diversité des artistes soutenus par Low Wood, allant du rap à la chanson française, en insistant sur la singularité de chaque nom de ce label. Les différents axes de développement artistiques proposés par Low Wood ont la particularité d’être quasiment tous internalisés. L’accompagnement offert par le label s’étend à tous les aspects du processus musical, du développement artistique à la scène live.

Travailler en famille

Aujourd’hui, Low Wood a pour défi de concilier la proposition artistique singulière avec les exigences des algorithmes de l’industrie musicale. Guillaume évoque ce combat entre l’artistique et l’algorithme, soulignant la nécessité de créer des chansons puissantes, sensibles et touchantes tout en les reliant au public via les plateformes de streaming (DSPs) et les réseaux sociaux. Le défi réside dans la capacité à proposer des artistes au public, même là où il ne les recherche pas initialement. Cela nécessite de la régularité et du marketing pour établir une connexion continue avec l’audience car selon Guillaume : “Pour y arriver il faut de la concentration et de l’intensité sur toute la durée d’un développement artistique.”

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Chez Low Wood, l’approche est celle d’un marathon, contrairement à la course rapide imposée par les maisons de disques traditionnelles pour obtenir des résultats immédiats. De fait, la démarche de signature d’artistes au sein du label est marquée par l’intuition et le coup de cœur de chaque membre de l’équipe, marquant la volonté de s’imprégner de chaque univers proposé. Low Wood signe avant que les chiffres et les données ne parlent. L’engagement se fait sur la promesse de ce que les artistes peuvent devenir, souvent basée sur des sensibilités propres à chacun ainsi qu’une grille de lecture humaine. Cela confère au label une singularité sur le marché, basée sur la confiance en la proposition artistique ainsi que celui ou celle qui la défend : “La logique d’accompagnement s’étend sur la globalité d’une proposition artistique. On ne prend pas une route déjà construite, nous la pavons petit à petit.”

Low Wood se présente comme une grande famille, s’adaptant à chaque artiste. Certains sont très présents, partageant même des repas avec l’équipe, tandis que d’autres préfèrent rester discrets. L’approche de développement centrée sur l’artiste est évidente chez Low Wood, qui se positionne davantage comme une communauté d’artistes que comme un simple label. Bien que Low Wood soit identifié auprès des professionnels de l’industrie, l’objectif principal demeure la concentration sur les artistes en son sein. Le succès de ces derniers, plus connus que le label lui-même, constitue la meilleure des communications pour Low Wood selon Guillaume.

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Avec une équipe d’une dizaine de personnes, Low Wood reste délibérément de taille modeste. Tout changement de taille impliquerait l’adoption de processus similaires à ceux des grandes maisons de disques, entraînant une perte de proximité avec les artistes. L’agilité et la réactivité de Low Wood sont essentielles pour maintenir son approche personnalisée et son engagement envers le développement artistique sur la durée. Avec environ 25 artistes en activité avec des noms reconnus comme So La Lune, Jok’air, Bilal Hassani, Michel, Madame Monsieur, Rouge Carmin, Maïssa, Janie, Zélie ou encore Genezio, Low Wood privilégie une approche sur mesure et à long terme : “Les artistes ne choisissent pas ce label par hasard, ils y trouvent un accompagnement adapté et une vision ouverte sur le fonctionnement de toute l’industrie musicale.”

En conclusion, Low Wood incarne un modèle de label indépendant qui défie les normes de l’industrie musicale et repousse ses propres barrières toujours plus loin en mettant en avant le développement artistique, la confiance intuitive, et la création d’une véritable communauté d’artistes.